Test Suunto 9 Peak Pro : et si c’était la meilleure montre de sport face à Garmin ?
Si on regarde les parts de marché des montres de sport, il ne reste pas beaucoup de place entre Garmin et Apple. Pourtant, quelques marques se battent encore, avec leur culture et leur spécificités comme celle des finlandais de Suunto. Ils ont lancé un nouveau modèle haut de gamme appelé 9 Peak Pro qui s’affiche, pour un fleuron, à un prix très modéré de 499 € (en version classique, 629 € en version titane). La question étant de savoir si Suunto arrive à proposer une partition vraiment haut de gamme, autant en matière de précision des mesures que d’expérience utilisateur.
Le nouveau processeur qui change tout
9 Peak et 9 Peak Pro : entre ces deux modèles, l’expérience utilisateur change du tout au tout. Le premier modèle, sorti l’an dernier et que nous avions pu essayer, souffrait d’une lenteur d’usage indigne d’un appareil haut de gamme. Pour cette version « Pro », les équipes de Suunto ont changé le processeur principal.
Alors que l’interface de son aïeule mettait parfois du temps à réagir et que les passages d’un menu à l’autre étaient poussifs, la 9 Peak Pro est fluide. Simplement fluide, mais quand on met les deux montres côte à côte, la différence est énorme. Outre des améliorations logicielles, constantes et trop souvent invisibles dans les produits tech, Suunto explique que ce saut de performances est aussi le fruit de l’arrivée « d’un nouveau processeur de Sony ». Oui, car en plus d’être le champion des capteurs d’image, des puces GPS et autres, Sony fait aussi des puces très basses consommation et avec un super rapport performances/Watt pour les montres de sport.
Au final, l’ergonomie de la montre devient tout simplement agréable. Les Garminiens auront un peu de mal à trouver leurs repères, les conceptions de navigation des deux marques étant différentes. Mais une fois la première semaine passée, tout vient naturellement. Pour râler, on regrette l’absence de fonction de mise en attente d’une activité, si chère aux vélotaffeurs. Et donc de votre serviteur…
Déluge de sports et bonnes performances
Vous êtes amateurs d’un sport un peu exotique ? Avec ses 95 modes sportifs, il y a fort à parier que votre pratique soit prise en compte. En effet, imaginez-vous bien que la montre est compatible avec le snorkeling et la « nage sirène ». Non, ne riez pas le « Mermaiding » est vraiment une pratique sportive – très populaire en Asie, nous a-t-on dit. Et pour assurer en milieu aquatique, elle est étanche à 100 m (norme ISO 22810 pour les amateurs de régulations internationales) et son profondimètre est capable de mesurer la profondeur jusqu’à 10 m.
En ce qui concerne la précision du GPS, celle-ci est très paramétrable et permet aussi bien d’avoir une mesure toutes les secondes qu’à des intervalles de plusieurs minutes. Dans son mode agressif, elle est hyper précise grâce à la prise en charge de tous les protocoles majeurs (GPS, Glonass, Galileo, QZSS, Beidou). En réalité, le mode 70 h d’autonomie est déjà suffisamment précis pour un triathlète et double quasiment l’autonomie minimale. Et si vous faites de l’ultratrail ou la Diagonale des fous, le mode le plus économe (en course) tient jusqu’à 300 h. Sans sport et avec un suivi 24/7 (cardio, sommeil) et notifications mobiles, la montre tient alors 21 jours Et jusqu’à 30 jours en mode heure – mais allez-vous vraiment acheter une montre de sport pour avoir l’heure ? Quant à la connexion avec Strava, si l’upload automatique semble prendre plus de temps qu’avec les serveurs de Garmin, le différentiel se compte en secondes. Donc totalement négligeable.
Du point de vue physique, la montre existe en deux versions : acier (version testée) et titane. Dans les deux cas, la montre fait appel à un verre saphir et un sandwich d’électronique, de polycarbonate pour encaisser les vicissitudes des grands espaces. Son écran a une définition de 240 x 240 pixels qui manque de contraste par rapport aux écrans OLED des montres connectée « classiques », mais qui est dans la norme des montres de sports. On appréciera surtout le fait qu’il soit à la fois réactif (tactile) et lisible en toutes circonstances (testé lors de sorties vélo en plein soleil, et course à pied de jour et de nuit).
Application exemplaire
S’il est difficile de distinguer les Garmin et les Suunto en comparant la précision de leur GPS – des experts le font à merveille – il est facile de faire la différence entre les applications mobiles des deux marques. En l’occurrence, aussi bien en matière de plaisir visuel que de facilité de navigation, l’application de Suunto est un cran au-dessus de celle de Garmin. Ce dernier a comme excuse d’être un vieux briscard avec des millions (j’exagère) d’appareils pris en charge, le poids de la compatibilité est donc très grand.
Mais Suunto n’est pas non plus le dernier perdreau de l’année et développe des montres connectées depuis un moment déjà. Ses designers ont effectué un excellent travail de choix d’accès aux fonctionnalités. Ainsi, l’ajout d’un tracé GPX se fait en deux clics depuis la partie carte de l’app. La hiérarchie des onglets d’accès rapide aux informations paraît plus pertinente chez Suunto (Menu Home, calendrier des activités, récap des performances sur une période donnée et une carte) que chez Garmin. Parmi les cinq onglets disponibles chez ce dernier, trois sont moins utiles dans un usage quotidien (challenges, nouvelles et notifications). Si cette affaire de choix des catégories est évidemment en partie subjective, la qualité de design reste cependant à l’avantage clair de Suunto.
Design passe-partout
Un des atouts de cette montre est son design. Ou plutôt son presque « non design ». A côté des anguleux modèles de Garmin dont la simple vue marque l’appartenance au « clan » des montres de sport, la 9 Peak Pro ne laisse rien transparaître. Alors que la Fenix 7 Solar vous donne l’air d’un membre des forces spéciales et semble être assez solide pour casser une vitre securit en cas d’urgence, la Suunto 9 Peak Pro cache son potentiel.
Dans un design mélangeant un double coffrage d’acier (ou titane pour la version la plus haut de gamme) encerclant une sandwich de plastique (pour les antennes et la souplesse mécanique), elle apporte tout ce qu’offrent les autres montres connectées. Tout en permettant d’être portée au quotidien avec une chemise sans avoir l’air d’être un triathlète qui « se la raconte » – si, il y en a.
En élément négatif à cette aspect plus policé, il faut noté une différence de robustesse non pas réelle, mais perçue : ma Fenix 9 est un tank que je n’ai pas peur de mettre au poignet quand je crapahute. Selon les ingénieurs de Suunto, une marque plus marquée outdoor que sport, il en va de même de cette Peak 9 Pro. Mais étrangement son design plus doux paraît moins solide. La solution serait de prendre les montres et de les frapper très fort vingt fois de suite, mais je n’ai pas le courage. Vous aurez cependant compris que la montre est solide, mais le crie moins fort que les Garmin !
Très endurante… et très vite rechargée !
L’autre plaisir de cette montre, c’est son endurance. Jugez plutôt : trois séances de running, trois jours de vélotaff, plus de 8 jours au poignet et il restait encore 64%. Si vous avez une Apple Watch, même Ultra, recharger la Suunto 9 Peak Pro va vous faire bizarre. Selon que vous soyez en pleine préparation de triathlon ou en mode sédentaire qui se bouge un peu, il faudra la recharger tous les 7 à 15 jours. Une large fenêtre qui s’explique non seulement par la différence de vos intensités d’entraînement, mais aussi de part les niveaux de précision que vous lui demanderez. Les ingénieurs de Suunto sont de vrais geeks et en tant que tels aiment laisser aux utilisateurs la main sur les paramètres de mesure, notamment d’échantillonnage de GPS. Plus les mesures sont rapprochées, plus la montre consommera d’énergie. Mais en vous contentant de mesures toutes les 30 secondes voire toutes les minutes, vous tiendrez les 170 km de l’Ultra Trail du Mont-Blanc. Moi je vous regarderai d’un café en revanche…
La montre tient longtemps, mais il ne lui en faut pas beaucoup (de temps) pour remplir ses accus : rentrez chez vous une heure, afin de prendre une douche et de manger du porridge (c’est bon le porridge) et vous repartirez avec la jauge à 100%. Pour peu que vous ayez branché le câble USB sur un bon chargeur de téléphone et non sur l’USB de votre PC. Ah, et puisque nous parlons de câble de recharge…
Suunto doit choisir un seul connecteur… et si possible modulaire
La Suunto 9 Peak se recharge par le biais d’un support magnétique relié à un câble qui se branche à un port USB-A des plus classiques. Si nous n’avons que des louanges pour son endurance et sa vitesse de recharge, nous grinçons cependant des dents dès qu’on parle de ce câble. Parlons déjà conception mécanique, si vous le voulez bien. Le câble USB-A est directement intégré à la base de recharge. Ce qui est stupide car peu pratique par rapport à une base pourvue d’une prise USB-C femelle. En voyage, on aurait pu se contenter de prendre la petite base que l’on aurait glissé dans une pochette, et on aurait utilisé le câble USB-C du téléphone une ou deux fois pendant les vacances. Mais non, on est obligé de se traîner un couple câble/base moche, encombrant et d’aspect plutôt fragile.
L’autre défaut se voit en faisant un zoom arrière sur les derniers modèles de Suunto, et plus précisément la 5 Peak que nous avons testé sur 01net.com. Moins chère et dans la même veine assez design et épurée, la 5 Peak est un bon modèle milieu de gamme que la moitié d’un.e sportif.ve équipé.e avec la 9 Peak Pro pourrait penser acheter pour les fois où ils vont courir ensemble. Car les deux montres partagent le même système de recharge, non ? Et bien non : alors que la 5 Pro fonctionne avec un (affreux) câble pourvu de contacteurs associés à un une pince de maintien, notre modèle fonctionne lui avec une (très sympa) base de magnétique équipée d’un (affreux) câble soudé.
Ce dont on rêve ? Comme l’aurait voulu ce cher Tolkien, d’une « Base unique pour les reliées toutes et grâce au câble les recharger ». Et sans Gollum, s’il vous plaît.
Un des rares produits tech européen
Comme pour notre test de la Suunto 5 Peak, il faut rappeler que l’essentiel des produits développés par Suunto sont parmi les rares produits développés ET construits en Europe. Si l’approvisionnement de nombreux composants impose d’aller se fournir en Asie – écran, puce GPS, processeur – toute la conception mécanique, logicielle ainsi que la production du produit fini est à mettre au crédit des ingénieurs et techniciens finlandais. Ils comptent parmi leurs rangs d’anciens de chez Nokia, preuve qu’un géant industriel laisse toujours des traces.
Le métal ainsi que les éléments plastiques sont conçus en Finlande, l’assemblage des composants sur le PCB aussi. Le bracelet vient lui de Chine, car « il n’y a pas de filière aussi solide en Europe pour les silicones hypoallergéniques », nous a-t-on expliqué. Ce qui sonne juste à nos oreilles, nous payons ici le poids de notre désindustrialisation. Mais si cette thématique de réindustrialiser l’Europe vous tient à cœur, vous savez déjà où commencer à regarder pour une montre de sport.