Test du MacBook Pro 14 pouces M2 Max : que vaut le plus puissant des ultraportables d’Apple ?
En 2021, nous avions eu l’occasion de tester les nouveaux MacBook Pro 14 et 16 pouces, portés par la première génération de puce Apple Silicon pour Mac. Le premier avec le M1 Pro et le second avec le M1 Max, la plus puissante des puces embarquées par les portables d’Apple. Une puce si incroyable qu’elle a aussi servi de base à l’incroyable M1 Ultra, qui prit place, un peu plus tard, dans le Mac Studio.
Les deux machines finissaient de faire la démonstration du potentiel des nouveaux SoC d’Apple, en assurant des performances très élevées, aussi bien sur batterie que branchés au secteur, sans pour autant rogner sur l’autonomie, record.
Après avoir découvert les M2 en juin dernier, dans les nouveaux MacBook Pro 13 pouces et MacBook Air, nous n’avions pas de réelles inquiétudes sur la capacité des MacBook Pro à monter en gamme avec les M2 Pro et M2 Max. Le premier, nous l’avons testé cette année lors de son lancement en janvier dernier, sur le MacBook Pro 16 pouces 2023. Le second, nous le testons aujourd’hui, intégré au MacBook Pro 14 pouces, dans sa configuration la plus musclée – il ne lui manque que 32 Go de mémoire unifiée pour incarner la plate-forme la plus puissante offerte par Apple sur ce modèle.
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Avec son M2 Max à 12 cœurs CPU, 38 cœurs GPU et ses 64 Go de mémoire vive partagés entre processeur principal et graphique, notre MacBook Pro de test semble tout avoir du monstre de puissance qu’on attendait, et occupe résolument le haut de gamme des portables d’Apple. Comme il se doit, il affiche un prix qui ne dément pas son appartenance à la famille Pro, puisque la configuration testée affiche un impressionnant 4 849 euros avec son stockage de 2 To. Rappelons une fois encore qu’il s’agit d’une machine professionnelle, taillée pour les usages actuels les plus exigeants, qu’il s’agisse de compiler des programmes volumineux, d’éditer des photographies lourdes ou de réaliser des montages de vidéos 4K – et, spoiler alert, c’est presque trop simple – ou 8K. Il est un point sur lequel les puces Apple Silicon ont simplifié les choses, c’est l’attribution des machines à des profils d’utilisations et d’utilisateurs.
Une finition toujours aussi exceptionnelle
Cela dit, ne nous attardons pas sur le fait que les MacBook Pro jouissent d’une finition inégalée, avec un boîtier en aluminium 100% recyclé, certes, un peu lourd (1,616 kg et 25,3% plus massif que la moyenne des ultraportables), mais qui assure une solidité et durabilité à l’ensemble dont on ne peut douter. Ne traînassons pas davantage sur la connectique variée, performante et complète, sauf en ce qui concerne l’USB-A, toujours absent. Arrêtons-nous à peine plus sur le clavier Magic, d’Apple. Lui aussi contribue à le distinguer et à le placer un cran au-dessus de la concurrence, même s’il n’a pas cette frappe hors norme (bien qu’un peu bruyante) des claviers papillon, qui ont pris leur retraite car trop peu fiables.
Tous ces points sont acquis. Un Mac n’en serait pas un sans cette qualité de fabrication, assez unique sur le marché. On pourra toujours regretter qu’Apple n’expérimente pas d’autres voies, ne s’essaie pas à d’autres alliages, comme peut le faire LG avec son Gram, par exemple. Mais peut-être est-ce le prix d’un ensemble de critères auxquels Apple ne veut pas déroger – rigidité, solidité, durabilité, recyclage, etc.
Une dalle excellente, mais en léger retrait
Passons maintenant à l’écran, qui est toujours un élément essentiel et très soigné par Apple pour ses machines professionnelles surtout. Une fois encore, on trouve des bordures plutôt fines, même si on a vu plus discret chez la concurrence PC à bien des reprises. La partie supérieure porte toujours une encoche, où sont logés quelques capteurs et la webcam Full HD, de plutôt bonne qualité quand on la sollicite pour des visioconférences, même quand la lumière commence à manquer.
Quoi qu’il en soit, ce MacBook Pro a donc droit à une dalle LCD rétroéclairée par miniLED de 14,2 pouces. Elle affiche une définition de 3024×1964 pixels pour une résolution de 254 points par pouce. C’est la garantie d’un vrai confort de lecture, les polices affichées étant toujours précises et bien lissées.
Du côté de la luminosité, le MacBook Pro 14 pouces 2023 continue de mettre la barre assez haut, avec un relevé à 481 cd/m2, ce qui est 18,8% plus lumineux que ce que nous avons relevé sur les ultraportables testés par le 01Lab au cours des 24 derniers mois. Même chose pour le contraste, qui ne peut pas rivaliser avec celui offert par une dalle OLED, mais qui s’affiche malgré tout à 21 864:1, ce qui est presque 419% plus contrasté que la moyenne. On peut dire merci au miniLED.
Voilà qui est excellent, tout bonnement. Encore que… Difficile de ne pas grimacer, quand on jette un œil au Delta E 2000. Là où Apple nous a habitué à l’excellence, avec des résultats passant souvent sous un indice de 2, ce qui flirte avec la perfection. Toutefois, cette fois-ci, l’indice mesuré est loin d’être aussi bon. Rien de catastrophique, mais là où la concurrence progresse beaucoup, et opte de plus en plus souvent pour l’OLED sur le haut de gamme, Apple rate un peu le coche avec cette dalle.
En définitive, tout en restant bonnes, voire excellentes, les mesures obtenues avec cette dalle sont en net retrait par rapport à ce que nous avions relevé sur les derniers modèles de MacBook Pro que nous avons testés. Toutefois, puisque le MacBook Pro 16 pouces n’a pas connu ce même faux-pas, sans doute est-ce davantage lié à une « mauvaise » série de dalle, le mauvais étant tout relatif, bien entendu.
Autonomie : Apple loin devant
Pour changer un peu, parlons maintenant de l’autonomie, qui est souvent un argument central pour une station de travail, et l’est devenu encore plus avec l’apparition des puces Apple Silicon, qui affichent toujours l’un des meilleurs rapports performance par Watt du marché, assez loin devant les puces Intel et AMD.
Le MacBook Pro 14 pouces 2021, équipé d’un M1 Pro, s’était assuré une très bonne place dans notre classement des machines les plus autonomes, juste derrière le MacBook Pro 16 pouces.
Dans le cadre de notre test d’autonomie polyvalente, qui simule des usages quotidiens, enchaînés jusqu’à ce que la batterie se résigne à rendre les armes, le 14 pouces 2023 arrive toutefois à faire mieux que son aîné. Il a atteint les 15 h 53, contre 15 h 45 pour le modèle précédent. Une légère progression d’autant plus louable que le modèle 14 pouces que nous testons ici embarque un M2 Max, qui consomme logiquement plus qu’un M1 Pro (53,3 W). Ainsi, sa consommation électrique maximale a été mesurée à 82,4 W par le 01Lab. Notons en passant que nos mesures montrent que le M2 Max consomme moins que le M1 Max (98,5 W) soumis à la même charge maximale.
Quoi qu’il en soit, ces 15 h 53 lui permettent d’être 42,6% au-dessus de la moyenne des ultraportables, qui ont beaucoup progressé en la matière ces derniers mois, notamment grâce aux Core de 13e génération d’Intel et à la dernière génération de puces AMD.
Pour notre autonomie en streaming vidéo, le MacBook Pro 14 pouces 2023 s’affiche 21% plus autonome que la concurrence, avec 11 h 04, alors que la moyenne de cette catégorie est à 9 h 08.
Si on s’attarde, pour finir, sur le temps de charge, il est 9,8% plus rapide que ces concurrents directs, puisqu’il met 1 h 47 à passer de 0 à 100% de batterie, et atteint les 50% en trente minutes.
Le M2 Max, pas l’ombre d’une déception
Maintenant qu’on sait que ce MacBook Pro est endurant, penchons-nous sur sa puissance. Commençons avec deux outils de bench synthétiques, Geekbench 5 et Cinebench. Le premier indique une progression entre 18 et 20% par rapport au M1 Max (10 cœurs CPU et 32 cœurs GPU), déjà accompagné à l’époque de 64 Go de mémoire vive. Pour un saut générationnel, c’est… excellent. D’autant que ce gain de performances s’observe aussi bien pour la partie multicoeur que graphique. On notera en passant que les progrès en single core sont beaucoup plus restreints, environ 11,3%. Certains analystes critiques y voient une manifestation de problème interne d’Apple, qui a vu bon nombre de ses concepteurs de puces star partir ces dernières années. Peut-être est-ce juste une gestion contrôlée des progrès nécessaires pour continuer à faire la course en tête pour l’instant.
Quand on peut estimer les performances de la partie graphique du SoC et utilise un autre outil de test synthétique, comme GFXBench, on constate des progrès allant de 8 à environ 34% selon les benchs. Une fois encore, rien de négligeable.
Mais comme d’habitude, ce genre d’outils ne donnent qu’un aperçu du potentiel d’une configuration. Pour s’assurer que la réalité des usages colle à ces premières indications, tournons-nous tout d’abord vers le jeu. Ce n’est certes pas l’usage privilégié des Mac. Même si, depuis l’arrivée des puces Apple Silicon, il est plus question d’un souci d’offre vidéoludique que de puissance matérielle.
Ainsi, dans Shadow of the Tomb Raider, un de nos jeux de référence sur Mac, qui commence à accuser son âge, nous sommes d’accord, nous avons enregistré 82 images par seconde en 1920×1200 pixels (tous les réglages à fond), contre 42 pour la génération précédente. Et si pour une raison quelconque vous aimez jouer en définition native, sachez qu’en 3 024 x 1 964 pixels, avec les mêmes réglages, vous aurez toujours droit à 43 images par seconde, ce qui reste jouable dans la plupart des cas. Le MacBook Pro 14 pouces M1 Pro n’affichait que 19 images par seconde dans cette même épreuve…
Il y a donc un vrai beau gain de performances entre ces deux générations de puces. A ce niveau, évidemment, le souci n’est plus de savoir si l’expérience quotidienne est fluide et si macOS s’exécute sans soubresaut quand vous utilisez un navigateur avec beaucoup d’onglets, un traitement de texte ou même sollicitez le Finder pour déplacer de gros fichiers.
Un SSD qui pulvérise les limites de vitesse en écriture…
Depuis plusieurs années, les MacBook Pro offrent des stockages très performants – à défaut d’être faciles à upgrader. Avec le modèle 14 pouces 2023, Apple semble ne rien nous refuser. Avec des débits en lecture proches des 4 Go/s, il impressionne clairement et devrait tenir le cap (et les débits) afin de vous permettre de travailler avec de lourds fichiers. C’est néanmoins moins bon que ce que proposait le MacBook Pro 2021 ou même le MacBook Pro 16 pouces que nous avons testé en début d’année.
Néanmoins, si Aja System Test Lite lui accorde des débits en léger retrait en lecture, la donne est tout à fait différente en écriture. Pour la première fois, un stockage de MacBook Pro dépasse les 7 Go/s en écriture lors de nos tests. Autrement dit, travailler avec des fichiers 8K ne devraient pas vous poser de souci.
A noter toutefois que nous avons testé un modèle équipé d’un module de 2 To. Or, on sait qu’Apple offre parfois des débits moins bons sur des capacités de stockage moins importantes.
Une telle configuration est faite pour se frotter à des défis dignes de ce nom. Pour mémoire, Apple n’a pas seulement augmenté le nombre de cœurs CPU et GPU embarqués dans son SoC, en plus d’en revoir et améliorer l’architecture. Il a aussi fait en sorte de renforcer le media engine, en charge de l’encodage/décodage des vidéos, notamment. Un module hardware intégré au M2 Pro et M2 Max qui permet par exemple l’accélération des rendus et exports ProRes. Pour donner une idée de la puissance du M2 Max, il est donné par Apple pour pouvoir gérer jusqu’à 43 flux 4K ProRes simultanément ou jusqu’à 10 flux 8K ProRes – là où le M2 Pro, sans être ridicule, tient respectivement 23 flux 4K et cinq flux 8K. Pour mémoire, le M1 Max se « limitait » à 30 flux 4K et sept flux 8K, en ProRes, toujours.
Une différence du simple au presque double, qui s’explique par le fait que le M2 Pro embarque un seul accélérateur ProRes quand le M2 Max en possède deux.
Pour prendre la mesure des progrès réalisés avec ce media engine, nous avons donc soumis ce MacBook Pro M2 Max à nos habituels tests d’applications professionnelles. A commencer par Final Cut Pro et Premiere Pro, les deux applis ennemies pour l’édition de vidéo. Dans Final Cut Pro, l’application de correction colorimétrique, d’effets, et l’encodage dans Compressor d’un projet 4K est presque deux fois plus rapide avec le M2 Max qu’avec le M1 Max, qui n’était pourtant pas un manchot en la matière.
Si on se tourne vers Premiere Pro, l’export d’un projet 4K est presque trois fois plus rapide, tandis que celui d’un projet 8K est 1,8 fois plus court. Le M2 Max apporte un véritable bond en avant, qui fera gagner beaucoup de temps pour ce genre de tâches précises et chronophages.
Quand on délaisse la vidéo pour le rendu de scène dans After Effects, on enregistre également un vrai gain de temps pour le même ensemble de tâches et de calculs de rendu. Le M2 Max est presque 1,7 fois plus rapide que son aîné.
Enfin, quand on demande au M2 Max de compiler une même application dans Xcode, on observe également un gain significatif. La compilation est ainsi 1,27 fois plus courte. Ce n’est pas à négliger quand le temps manque et qu’il faut recommencer après une correction de bug.
M2 Pro vs M2 Max, des différences surtout pour la vidéo ?
Il est également intéressant de constater que le M2 Max domine le M2 Pro principalement dans les tâches touchant à la vidéo, qui sont aussi les tâches qui sont les plus lourdes dans nos tests. Or, le M2 Max bénéficie d’une fonction qui lui permet de maintenir sa charge et sa consommation plus longtemps que le M2 Pro. Il est donc logique qu’il s’en sorte plus vite. Néanmoins, pour de nombreuses tâches, le M2 Pro n’est pas si loin derrière le M2 Max. Pour certaines tâches un peu lourdes du quotidien, il vient à bout de son travail aussi vite que son grand frère, d’ailleurs. C’est notamment le cas lors notre test avec Handbrake, où les deux configurations sont venues à bout de leur ouvrage aussi vite, à la seconde près. Même chose avec nos tests avec Photos, ou les petites tâches de création/décompression d’archive, conversion d’images, duplication de fichiers, etc.
Un enseignement qui pourrait vous faire économiser quelques centaines d’euros. Si vous êtes développeur, le M2 Pro n’aura pas à rougir devant son grand frère. C’est somme toute logique, la partie CPU est quasi identique.
Enfin, rappelons que comme pour la génération précédente, aussi bien le M2 Max que le M2 Pro offrent les mêmes performances qu’ils fonctionnent sur batterie ou sur secteur – c’est un point essentiel pour une station de travail mobile, et tous les PC portables ne peuvent pas en dire autant… Enfin, si le M2 Max chauffe un peu plus, la ventilation est toujours aussi rare et discrète quand elle est nécessaire, surtout comparée à des plates-formes équivalentes sur PC.